jeudi 22 mars 2012

LECTURE : Le jour où j'ai cassé le château de Chambord d'Olivier Adam


Se dénoncer alors que il n'est pas coupable.
Quelqu'un a cassé le château de Chambord de Léa. C'est peut-être Cédric. Antoine le regarde, a envie de rire, rougit, et c'est alors que Cédric fixe Antoine. Mais... Ne le croirait-il pas coupable ? Antoine rougit de confusion et finit par se dénoncer. Pourquoi ? Ne serait-ce pas pour se faire enfin remarquer, lui qui est « aussi musclé qu'une endive » et ne sait rien faire de ses dix doigts ? Pour se faire remarquer de Maud ?



En neuf chapitres, ce roman pour jeunes lecteurs de la collection Animax de l'école des loisirs raconte cette étrange expérience d'Antoine, sous le mode d'une narration à la première personne. Un roman sensible, qui permet de s'interroger sur les motivations de ses actes.
« Est-ce qu'on ressemble toujours à ce qu'on fait ? Ou même à ce qu'on est ? » se demande Antoine, lorsque la maîtresse met en doute son aveu.

L'école des loisirs propose des pistes pédagogiques sur son site. Le roman est conseillé à partir de 7 ans.

LECTURE : Éloge de l'arrogance de Philippe Vilain



Le deuxième volume lu de cette collection, « Éloge de » aux éditions du Rocher : Éloge de l'arrogance.

Son auteur, Philippe Vilain, est romancier et essayiste. Il a aussi rédigé une préface, « Le donjuanisme est un humanisme » pour Dom Juan publié chez Hatier 2009, et cette information n'est pas superflue lorsque l'on lit Éloge de l'arrogance et les passages consacrés justement au personnage de Don Juan.



Moins orienté vers un argumentaire et vers un véritable panégyrique de ce défaut, l'arrogance, ce livre essaie tout d'abord de définir le terme, tellement flou, tellement proche d'autres termes comme la suffisance, le sentiment de superiorité, la morgue ou l'orgueil...
Un constat aussi : on peut se faire accuser d'arrogance sans vouloir l'être soi-même. Et c'est l'objet d'un court récit, anecdote personnelle qui sert le discours.

Moins orienté vers un argumentaire donc, parce que le livre se présente davantage comme un catalogue de situations où l'on pourrait être face à une forme d'arrogance. Certaines situations évoquées prêtent d'ailleurs à sourire.
Comment lutter contre celui qui fait preuve d'arrogance ? Des conseils concluent l'ouvrage, avec d'autres conseils, à prendre au deuxième degré : comment faire preuve soi-même d'arrogance.

Un intérêt moindre à la lecture de ce volume - vert cette fois !- que pour Éloge du mensonge.

jeudi 15 mars 2012

LECTURE : Éloge du mensonge de Gérard de Cortanze

Première lecture d'un ouvrage de cette collection "Éloge de" aux éditions du Rocher avant celle d'Éloge de l'arroganceÉloge du mensonge, livre de Gérard de Cortanze, romancier et biographe aux très nombreuses publications, tant aux éditions du Rocher, qu'aux éditions Albin Michel ou encore Gallimard.

Écrire sur le mensonge, une gageure, explique l'auteur dès la page 11. Une réussite, est-il possible de conclure après ma lecture.



Le mensonge peut être utile, est moins pernicieux que la vérité crue, dite au mauvais moment. Il est le fait d'un homme habile : un bon menteur a de l'imagination, fait montre de qualités que ne possède pas l'homme qui n'a pour seule vertu que de s'en tenir au vrai. Le mensonge est artistique, pensons au trompe-l'œil, aux motifs baroques. Il est dissimulation ou simulation, et dans ce dernier cas création. Il fait partie de notre vie quotidienne, fait partie du langage avec l'euphémisme. Et que dire de la cérémonie funéraire, ce mensonge autour de la mort ? Le mensonge nous accompagne tout au long de notre vie. Enfant, le premier mensonge est le moyen de maîtriser le réel, d'en infléchir le cours, de ne pas peiner autrui aussi en inventant une vérité autre. 

Un défaut, le mensonge ? Plus tant à nos yeux après la lecture de cette argumentation virevoltante et de ces exemples si parlants.

lundi 12 mars 2012

LECTURE : Collection « Éloge de » de François Cérésa, éditions du Rocher


Collection de petits livres étroits et hauts dans une palette colorée, "Éloge de" comprend Éloge de la vulgarité de Claude Cabanes, Éloge du contraire de François Bott, Éloge du mauvais goût de Frédéric Roux, Éloge de la trahison de Jacques Aboucaya. Le 15 mars seront publiés deux nouveaux ouvrages : Éloge de l'arrogance de Philippe Vilain et Éloge du mensonge de Gérard de Cortanze que j'évoquerai dès leur lecture finie.

Un avant-goût me semble de mise, néanmoins, et voici l'introduction de chaque volume de la collection, rédigée par François Cérésa :


Tout vice a sa vertu.Notamment celle de susciter des commentaires. En fait, tout est dans tout. Le revers de la médaille, le défaut de la cuirasse, l'envers du décor : voilà ce qui compose – ou décompose – admirablement l'âme humaine. Ces défauts, cela va de soi, sont des péchés. Capitaux ou capiteux, ils contreviennent aussi bien aux lois religieuses et à l'éthique philosophique qu'aux volontés divines. Mais ils sont l'apanage de l'homme.
Cette collection ne se propose évidemment pas de plébisciter la vulgarité, l'imposture, le nihilisme, la trahison, la sauvagerie, la tricherie, la luxure, l'arrogance, la duplicité, le snobisme, la perversité, la lâcheté, l'infidélité, l'indiscrétion, l'indifférence ou tout autre travers que l'on trouve en si grande abondance dans le panier de la ménagère, lequel est aussi le cœur des hommes. Elle se propose tout simplement de savoir tirer le meilleur du pire ou, mathématiquement, le plus du moins. Sous le voile transparent de l'ironie, c'est chose faite. Avec « Éloge », une certaine morale y trouve son compte. On peut même dire qu'elle est bien servie. Et cela grâce à l'humour, au talent et au style d'écrivains qui, par l'alchimie du paradoxe, ont su dénicher la qualité d'un défaut, le défaut d'une qualité ou encore le défaut d'un défaut, ce dont nul ne pourra se plaindre.

dimanche 11 mars 2012

ÉCRITURE : publication prochaine de Le Candauliste

La nouvelle érotique Le Candauliste sortira sous formats numériques le 10 avril prochain dans la collection e-ros & ceteri des éditions Dominique Leroy. Elle sera disponible à cette adresse au prix de 1,29€ à compter de cette date et dans quelques autres librairies dématérialisées.





lundi 5 mars 2012

LECTURE : Sept personnages de Fred Duval et Florent Calvez

La collection "7" des éditions Delcourt comprend à présent un grand nombre de bandes dessinées : Sept psychopathes, Sept voleurs, Sept pirates, Sept missionnaires, Sept guerriers,... Au milieu de ces personnages pas toujours très attractifs au premier abord figure Sept personnages qui prend pour sous-titre 7 figures emblématiques de Molière enquêtent sur sa mort. (Un jeu de mot avec le titre de la pièce de Pirandello, Six personnages en quête d'auteur ?)
Le scénario est le fait de Fred Duval, le dessin et les couleurs de Florent Calvez.




Quels sont ces sept personnages de Molière ? Alceste le misanthrope, Agnès l'ex-ingénue, Argan le malade imaginaire, Dom Juan le libertin, Harpagon l'avare, Scapin l'éternel valet de l'un ou de l'autre, Tartuffe l'imposteur homme d'église. 

L'histoire commence aux funérailles de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Scapin approche Agnès et lui révèle que Molière n'est pas mort de maladie mais assassiné. Le poison ! Or, Molière était passionné par l'affaire des poisons au point d'écrire une pièce à ce sujet et de réaliser des investigations. Qu'a-t-il appris ? Quels sont ses ennemis ? Est-ce le fait d'un rival, des tragédiens de l'Hôtel de Bourgogne ?



C'est une enquête que mènent ces sept personnages, usant de références aux pièces de Molière, de citations détournées. Une injure ? Ce sera "Allez vous faire versifier chez Thomas Corneille !" 

La bande dessinée trouve donc pleinement son intérêt si le lecteur connaît et reconnaît les citations détournées. Scapin fait ainsi l'éloge du tabac, le même que Sganarelle dans la pièce Dom Juan. Mais cet éloge est replacé dans son contexte historique, sur l'interdiction qui a failli s'abattre sur sa consommation, et de fil en aiguille, sur les autres censures que la Compagnie du Saint-Sacrement comptait imposer. 
Références historiques, personnages ayant réellement exister comme Colbert ou Madame de Montespan, cohabitent avec ces personnages de pièces de théâtre et des références aux pièces elles-mêmes.

Belle bande dessinée, mais l'on pourrait regretter la rapidité des changements de situations et de lieux, la concision d'une cinquantaine de planches n'étant pas un atout pour les péripéties nombreuses. Pas d'unité de lieu, une unité d'action malmenée, reste l'unité de temps : Dom Juan n'est sorti des enfers que pour vingt-quatre heures... Les personnages doivent faire vite. Un peu trop vite pour le lecteur.



dimanche 4 mars 2012

LECTURE : If de Rudyard Kipling


Rudyard Kipling fait l'objet d'un challenge de lecture sur le blog d'Arieste, au milieu d'autres auteurs de l'époque victorienne. La lecture de ce poème, If, est la première que je consacre à ce challenge.

Que lire de Rudyard Kipling ? Le célèbre Livre de la jungle, sans Disney ? Pourquoi ne pas commencer par une autre œuvre célèbre de Kipling, le poème If ?

Si. Le titre le plus bref possible, et pourtant quelle charge dans ce mot. Le poème se déroule en effet comme une longue série de propositions commençant toutes par la conjonction « si », pour finir par une phrase que nous avons tous en tête : « Tu seras un homme, mon fils ». Qui est homme, dans ces conditions ?

L'intérêt du poème, outre sa charge dramatique, avec l'homme acculé à ses devoirs, est sa simplicité, sa fluidité. Pas de structure alambiquée, un rythme récurrent qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la chute du poème, une chute qui n'est pas sans nous rappeler le poème d'Eluard, Liberté, dans son dévoilement final.

Le poème If dans sa version originale (1910) :

If you can keep your head when all about you

Are losing theirs and blaming it on you,

If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream -and not make dreams your master
If you can think -and not make thoughts your aim
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: "Hold on!"

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings -nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds' worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that's in it,
And -which is more- you'll be a Man, my son!


Six traductions françaises du poème sont disponibles sur cette page, de celle d'André Maurois (1918) à des traductions contemporaines.